Jeudi 21 juin 2018 avait lieu dans la cour de récréation du Lycée français Jean Giono la quatrième édition de la « cérémonie de remise des diplômes ». Autour des 25 élèves de la classe de terminale, tous promus au rang de bacheliers, s’étaient réunis parents, camarades lycéens, anciens élèves, professeurs, institutrices et aides maternelle mais aussi l’équipe de la vie scolaire, la direction du Lycée les membres du conseil de gestion et plusieurs représentants de la communauté française à Turin. Le Consul Général de France adjoint nous honorait de sa présence en la personne de M. Charles Chapouilly adressant ses sincères félicitations et quelques conseils avisés à nos élèves prêts à faire leurs premiers pas dans le monde de l’université. M. Emanuele Chieli, Consul Honoraire de France à Turin était également présent aux côtés de M. Patrice Lecuit, proviseur du Lycée. Nous fêtions tous ensemble une réussite parfaite : 100% de reçus, 6 mentions assez bien, 5 mentions bien et 9 mentions très bien. Pour saluer dignement ces 25 partants, dont la moitié d’entre eux avait suivi l’intégralité du parcours de 15 ans sur les bancs de notre école, Vivien Douine professeur principal de la classe de terminale épaulé par les membres du CVL (conseil de vie lycéenne) avait préparé une cérémonie basée sur 25 clichés pris par des collégiens sur le thème de l’eau. Une idée simple : associer à chaque élève bachelier une photo, en expliquant pourquoi, à l’aide de quelques mots. Retour en images, en sons et en textes sur une promotion de bacheliers, née en l’an 2000 et sur cette première soirée de l’été, unanimement appréciée…
Première photo. On y voit un étang coiffé d’une fine pellicule de brume. Les feuilles des arbres sont multicolores et se reflètent aussi bien à la surface que dans la blanche toile d’eau condensée. Le tout est éclairé par la jolie lumière d’un petit matin d’été. Durant son année de terminale SILVIA a parfois voyagé dans la brume, parfois dans les nuages. Son bac en poche, elle se dirige, décidée et confiante, vers la lumière…
Deuxième photo. Nous observons l’eau tomber dans l’eau, comme au pied d’une cascade. Il en ressort une sensation de puissance, de détermination et de contrôle. Le rapport avec ALESSANDRO ? Les jolies bulles qui se forment naturellement sur la ligne d’équilibre, là où l’eau qui pousse cède à l’eau qui contient. En effet, de bulles à balles (de tennis), il n’y a qu’un pas et nous nous autorisons à franchir la ligne (blanche)… Jeu, set et match !
Troisième photo. Que l’on soit homme, femme ou oiseau, face à la mer le temps semble suspendu. Ce cliché transmet un sentiment de profonde sérénité. L’esthétique réussie est basée autant sur la simplicité que sur l’authenticité. Le regard du volatile situé au premier plan fixe le cap : il regarde le large sans perdre de vue la côte. Et tout cela correspond-il fidèlement à GRETA ? Le plus simple sera de le lui demander directement ! Ou bien, peut-être, de questionner le deuxième volatile…
Quatrième photo. Du bleu marine au vert opaline, du bateau à moteur que l’on voit au voilier lointain que l’on devine, le cliché reprend de manière stéréotypée la carte postale reçue d’un parent ou d’un ami qui effectue un voyage sur une île. Le rapport avec MICHELE ? Apparemment très indirect et hasardeux puisqu’il faudrait que l’île soit un continent. Qui plus est le continent africain où les problématiques hydriques sont, nous le savons tous, dramatiques. Derrière le continent se cachent des noms propres empreints d’histoire et de poésie : Burkina Faso, Ouagadougou et Saint Exupery nom de l’école française au sein de laquelle il a grandi… Et le vrai rapport avec MICHELE est certainement là, une photo dont les couleurs pâles rappellent les aquarelles de l’auteur du Petit Prince…
Cinquième photo. Les températures descendent. L’eau se cristallise. On passe du bleu de la mer au blanc de la neige. De la ligne d’horizon aux raideurs verticales de nos montagnes. La photo est réussie puisqu’elle rend à merveille l’impression enivrante de vitesse et de liberté que l’on ressent sur les planches lorsqu’elles sont “de ski”. ANDREA le sait. Sa force réside dans le fait qu’il ne s’est à aucun moment laissé griser, preuve qu’il est possible, même pour un millennials, de faire cohabiter études et sport en toute sérénité…
Septième photo. Un lac de montagne après un orage en fin d’été. Un ciel qui s’ouvre et se reflète sur l’étendue d’eau reléguée au rang de “flaque” par rapport à son immensité et sa grandeur. Un soleil couchant que l’on devine puisqu’il colore légèrement la face ouest des nuages qui le cachent encore. FRANCESCA dans tout cela ? Peut-être le calme qui émane de ce cliché. Le calme rassurant de celui ou de celle qui a pris une décision devenu objectif, cherché à l’atteindre et finalement atteint…
Huitième photo. Joli cliché pour parler de l’eau : photographier le contenant. D’où ce verre coloré au premier plan volontairement flou puisque la mise au point est faite sur les bords du verre situé au second plan. On distingue encore, au troisième plan une blouse blanche et des cheveux. Appartiennent-ils à JACQUELINE ?
Elève bonus. Photo bonus. Rien n’arrête l’eau. Pas même la température. Les degrés négatifs figent les particules les moins sveltes qui stagnent dans le coude de la rivière mais ne retiennent pas celles en mouvement qui se faufilent de l’autre côté avec plus de vitesse. LAURIANE a su retrouver cette année l’envie de se faufiler, de ne pas être pris au piège d’une autre année sans succès. Elle reprendre le contrôle de sa destinée, prête à suivre à nouveau sa route comme la rivière suit son lit…
Neuvième photo. On n’arrête pas le cours de l’eau. Mais on peut le freiner ! Le réguler ! L’homme a pour cela inventé un système : les digues. En voilà une où nous distinguons deux portes ouvertes en son milieu et devinons les autres fermées sur les côtés comme en témoigne l’effervescence ciblée et concentrée de l’eau au centre de la digue. Le rapport avec BAPTISTE ? Peut-être sa faculté à savoir doser ses efforts en fonction des obstacles ou des enjeux… En témoigne la l’orientation désirée décrochée à la force du mental et du poignet !
Dixième photo. Ce qui ressort de ce cliché est l’idée de perfection. Ceci est visible aussi bien dans l’objet photographié que dans les détails que le photographe a réussi à capter. On est surpris par le contraste qui cohabite : le flou des trajectoires des gouttes d’arrosage sur le fond noir tranche avec la netteté du contour des gouttelettes qui perlent sur les pétales de la tulipe jaune. Cette même idée de perfection a été recherchée et atteinte par VITTORIA tout au long de l’année…
Onzième photo. Peu importe ce que l’on arrose. L’idée transmise par cette photo est celle de la croissance. Les racines solidement plantées dans le terreau que l’on devine, ce plan que l’on pense être de romarin tend ses tiges, droites et feuillues vers le ciel. Pourquoi ? Certainement pour se rapprocher en grandissant de la lumière et du soleil. Mais c’est en regardant l’arrosoir qu’on se pose la bonne question. Grâce à quoi ? Visiblement grâce à l’eau que l’on a quotidiennement pris le soin de verser pour baigner la terre et les racines. Durant son passage à Turin, THIBAULT a grandi. Nous espérons aussi bien que ce brin de romarin…
Douzième photo. Le cliché nous plonge immédiatement dans un contraste captivant. D’abord le contre-jour : nous sommes éblouis par le soleil mais distinguons en ombre chinoise les stalactites qui prolongent les feuilles pointues. Puis les températures : nous nous demandons comment les rayons du soleil ne réussissent pas à attendrir les molécules d’eau qui forment ces petits bâtons de glace. Le lien avec ANTONIA ? Le fait que de loin, cette image ressemble aux longs doigts d’une main de guitariste…
Treizième photo. Un ciel sombre et bas surplombe le chaos d’un port de pêche. Au second plan on aperçoit les mâts verticaux de quelques yachts bien rangés. Au premier plan, ce sont les peintures abîmées des embarcations de ceux dont la mer est le métier. En surimpression, des volatiles se délectent de ce désordre de filins, d’amarres, de drisses, d’écoutes et de haubans et faufilent leur vol entre les cordages. Le rapport avec JULIEN ? Peut-être sa profonde passion pour les choses complexes et articulées, sa soif de comprendre, de réfléchir et de retranscrire une vision tout autant scientifique que romantique du monde qui l’entoure…
Quatorzième photo. Un verre. Rempli à ras bord. Et l’eau qui continue de couler ! Un risque imminent : celui de voir l’eau déborder. Et pourtant… Le cliché vient immortaliser la scène et ce qui devrait logiquement se passer, n’arrive jamais ! Est-ce à dire que FRANCESCO a cette soif d’explorer les limites et ce don de savoir s’arrêter juste avant de voir l’eau déborder ? Ceux d’entre nous qui le connaissent bien pourront à loisir infirmer ou confirmer…
Quinzième photo. Un robinet. Ouvert. De l’eau qui coule et qui s’échappe dans le fond d’un lavabo sans qu’une main à rapproprir ou une gorge à désaltérer ne vienne interrompre sa course. Combien de fois avons-nous mis en garde GIULIO lui demandant d’éviter de gaspiller son énergie, d’essayer d’exploiter toutes ses capacités, de canaliser ce flux tendu de vitalité ? Et il nous a finalement écoutés : le résultat est sans appel, la fin de l’histoire est un happy end… Merci GIULIO pour cette fin de parcours remarquable, bon vent pour la suite et surtout n’oublie pas, en sortant du lycée, de fermer le robinet !
Seizième photo. Trois gouttes d’eau bleues sont peintes sur les parois d’un verre. Elles semblent être comme suspendues au milieu du liquide. Il ressort de ce cliché une impression de calme et de grande sérénité. Celle qui caractérise parfois la personnalité des frères cadets. Après les deux grandes sœurs Carlotta puis Livia, dans la famille Patrizi je veux le frère, TOMMASO !
Dix-septième photo. Nous observons sur ce cliché les motifs fractals que développe l’eau en phase de cristallisation. Derrière ce spectacle fascinant de transformation de la matière : des molécules en mouvement, quelques théorèmes et des équations. Et la sensation que la science permet d’enseigner aux hommes les mystères de l’inerte et du vivant. D’ailleurs, observe-t-on ici des flocons ou des fougères ? Telle est certainement la question que nous pose le photographe. Le rapport avec DANIEL ? Peut-être sa personnalité, qui se trouve aux confins de diverses sensibilités artistiques et d’activités, compétences et appétences scientifiques…
Dix-huitième photo. Un arc en ciel. Les rayons du soleil qui se réfractent dans le prisme naturel et arrondi d’une multitude de gouttes d’eau. Il naît généralement après la pluie. Encore plus volontiers après l’orage. Lorsque le vent chasse plus vite les nuages que l’humidité qu’ils sèment sous eux. Le sourire retrouvé de LUCREZIA est comparable à cette déclinaison méthodique de couleur, à ce doux sentiment de renaissance et de retour au calme après la tempête…
Dix-neuvième photo. Le Po. Prend ses racines au pied du Mont Viso. Baigne tout le Nord de l’Italie avant de se jeter en delta dans la mer Adriatique. Auparavant il passe sous les ponts de Turin : Ponte Umberto I, Ponte Vittorio Emanuele, Ponte Regina Margherita, pour n’en citer que trois. Nous les observons ici du haut de la colline, comme si nous devions saluer la ville, comme si nous devions la quitter pour mieux y revenir dans quelques mois, quelques années. Nous demandons à FRANCESCA qui s’apprête à rejoindre Ségovie de n’oublier ni le Po ni les ponts qui l’enjambent et de revenir les traverser très vite…
Vingtième photo. Le cliché renferme dans ce morceau de banquise rongé par le soleil tous les problèmes actuels liés au réchauffement climatique. En arrière-plan l’océan recueille, généreux, les fruits de cette fonte anormale. Les plus optimistes se rassureront en fredonnant l’adage selon lequel rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Les plus experts se préoccuperont à raison de cette glaciale disparition et des déséquilibres qu’elle crée. C’est de la deuxième catégorie que MATHURIN souhaite se rapprocher. Millénial génial, il cherche à améliorer l’existant, refuse la fatalité et souhaite trouver des réponses rationnelles pour sauver les océans…
Vingt et unième photo. Orange. La couleur de ce verre surprend. Chapeau. La forme également. Un sens du design évident anime l’œil placé derrière l’objectif. Un autre élément interroge également. Le caractère déterminé et non arrêtable du filet d’eau qui coule et remplit le verre. Passion du design et caractère bien trempé sont deux atouts précieux sur lesquels GWENDOLINE pourra s’appuyer pour retrouver et conquérir sa Belgique natale…
Vingt deuxième photo. On retrouve le Po et un pont. Ponte Vittorio Emanuele. Celui-ci amène piétons, cyclistes, voitures et passagers de la rive gauche de Piazza Vittorio Veneto à la rive droite de Piazza Gran Madre. Sous les cinq arches s’écoulent les mètres cubes d’un long fleuve tranquille. De ce cliché nous retenons l’idée de passage, de main tendue, de passerelle. En détresse dans sa série d’origine, PAULINE a su analyser ses difficultés. Elle souhaitait fermement mettre en avant ses capacités. Nous l’avons écouté, lui avons tendu la main, proposé une autre série. Et cela lui a donné des L…
Vingt troisième photo. Difficile de comprendre avec précision ce qui a été photographié. On peut imaginer de l’eau qui s’accumule sur une plaque d’égout circulaire. Les bulles rondes à l’intérieur du cercle naissent certainement des impacts de grosses gouttes de pluie qui viennent s’écraser mollement sur ce début de flaque. Vu de loin, cela ressemble à une division cellulaire. Processus fondamental dans le domaine du vivant que MATTEO, dont la figure circulaire reprend à merveille le soucis permanent de rigueur et de précision, s’apprête à étudier au cours de longues et exigeantes études de santé…
Vingt quatrième photo. Pour finir le cliché le plus émouvant. On y voit une feuille de cahier mollir sous le poids de l’eau et courber les lettres manuscrites d’une phrase faite de quelques mots bien choisis : “l’eau c’est la vie”. Qui le connaît percevra dans ce cliché la bienveillance et le sens du bien commun dont ADRIANO a su faire preuve au cours de son parcours de 15 ans et au sein de ce groupe classe que l’on a souvent qualifié de “uni”. Qui connaît l’œuvre de l’écrivain dont notre école porte le nom, verra dans ce cliché la parfaite illustration d’une des belles phrases qu’il a écrit : “la vie c’est de l’eau. Si vous mollissez le creux de la main vous la gardez. Si vous serrez les poings vous la perdez”…